La mort de Gros Tas

Le petit jour se lève sur les cadavres et la tôle rapiécée d'Omega. Tout semble pareil que d'habitude, même si à Omega plus personne n'a réellement d'habitudes depuis les derniers boulversements... tout sauf un détail étrange, impalpable.

Une sorte d'étrangeté flotte dans l'air, un truc différent, pas facilement identifiable au premier abord.

Le calme ! Il fait calme ! L'air est chargé de silence. Et on peut entendre tous les petits sons, tous les murmures qu'on entendait plus depuis quelques temps dans la cité.

Normalement, à cette heure ci les hurlements de Gros Tas remplissent l'air depuis déja une bonne demi heure. L'obèse s'en prend au plus mal réveillés hurlant des ordres et lachant alternativement des insultes et des rots magistraux. Son rire gras vient ponctuer sa méchanceté et son intransigence. Et quand un tout petit silence fait mine de pointer du nez, le graisseux en profite pour lacher une belle cale joignant l'odeur au désagrément sonore.

Mais ce matin rien de tout ça. La baleine n'hurle pas et on entend quelques oiseaux irradiés au loin étrangement harmonieux pour l'oreille qui n'y est plus habitué.

Plus tard, lorsque les Nukiens seront mieux réveillés, on découvrira le corps de l'obèse inanimé au pied du mirador, l'escalier brisé n'ayant pas résisté au poids énorme.

On le découvrira les poches pleines de vivres, goinfre et avare. Ses petits membres boudinés brisés dans la chute et quelques morceaux de bois autour de la masse de bourrelets. C'est un beau bordel qui est là au bas du mirador, une sorte d'amas difficilement discernable au premier coup d'oeil, il faut chercher un peu avant de comprendre ce qui est graisseux et ce qui ne l'est pas. Il y a l'os d'une fracture ouverte, quelques bidons d'eau répandus sur le sol, des planches brisées qui devaient être des marches...

On imagine bien Gros Tas, hargneux et sur de lui montant sur le faible édifice vermoulu. On imagine bien la suite, le bris, la chute.

Ce qu'on imagine moins facilement c'est la surprise des premiers arrivés sur les lieux, découvrant le corps immode du Gros lard replié sur lui même, colonne vertébrale brisée et surtout le corps cassé en deux, replié, et le cul énorme empallé sur la toute petite tête.

C'est une position étrange mais dans le fond, ça ne surprendra pas vraiment que celui là finisse étouffé dans son cul. Ca lui va même plutôt bien.

[i]Sophet n'avait pas lié de liens avec gros tas et il était répudiant et pourtant il fut abattu par cette mort. La ville est maintenant bien trop calme...