Cinglée. La prêtresse était cinglée. Enfin, c'était probablement ce qui les avait tous rapprochés. Ils étaient tous cinglés. A leur manière, avec leur folklore et leur logique propre, mais tous nageaient dans un délire aussi implacable que violent.
Et la violence, Barbie avait failli s'en prendre plein la gueule. Un peu plus et elle aurait été obligée de faire appel à la chirurgie plastique.
Cependant, Barbie ne réagit pas par la même violence. Doucement, elle saisit le bras de Tabara, dont la main était restée crispée sur la crosse de l'arme. Puis elle attira la jeune prêtresse vers elle, lui plaquant la tête, compte tenu de la différence de taille, contre une poitrine plantureuse qui devait peut-être quelque chose, elle, à la chirurgie plastique. La cascade noire des cheveux de Tabara s'écoulait sur le décolleté de la blonde.
Barbie ne dit rien. Du moins pas vraiment. Ce n'était pas très articulé. Juste des sonorités apaisantes qui se succédaient tandis que sa main caressait doucement la chevelure de Tabara. La poupée cherchait à calmer son amie, c'était tout. Puis, elle lui glissa a l'oreille :
"Laisse-toi aller, ça te fera du bien."
Un passant s'arrêta quelques secondes, saisit par le spectacle de deux des plus cinglées des guerrières psychotiques qui peuplaient cette ville de fous furieux en train de représenter une sorte de tableau doux et mielleux d'adolescente calmant une amie après un chagrin d'amour.
"Casse-toi d'là pauv' débile de suceur de gnous, si tu veux pas que j'te r'tourne ton p'tit anus de puceau comme une vieille chaussette."
Le passant poursuivit sa route, le pas un peu plus rapide...