Eirikur Ni pute nihilisme
Nombre de messages : 120 Date d'inscription : 29/04/2008
| Sujet: La mort d'Héléna Mer 16 Juil - 21:28 | |
| Ses trois paupières se firent lourdes. Ses membres pesants. Sa respiration s’enraya. Son attention se relâcha. Sa conscience s’étiola. L’immatérialité gagnait du terrain. Sans un tressautement, Eirikur bascula dans un sommeil profond. *** La prêtresse Tabara se tenait au coin du feu et psalmodiait ses litanies. Les flammes valsaient, rougeoyaient. Elles avaient faim de mort. Les flammèches devirent brasiers, et Gaïa apparut. Tornade crépitante, incendie froid. La colonne de lumière s’éleva jusqu’au ciel. Le vent de terre se leva, gémit ses ordres. « La cérémonie doit commencer. L’aube arrive »
Tabara tira sa langue bleue. Ses yeux se révulsèrent. Elle entrait en transe. Eirikur sentit ses cheveux pousser. Une longue crinière de crin sale se dessina le long de ses épaules. Ses muscles se bandèrent, il sentit l’énergie de la Mère danser en dedans. Elle guiderait son bras.
Au loin, Greg se tenait silencieux. Perché sur ses chaussures de cérémonie, paré des bannières de la fin des temps, il commençait à profiter de sa nouvelle immortalité. Le regard de Gaïa se reflétait sur le rouge de son costume. Elle le possédait.
Héléna s’éveilla. Se leva. S’approcha lentement du foyer ardent. Le visage déformé par l’effroi. Qu’importe, son corps ne lui appartenait plus.
Des nuées de vautours grenats tournaient au dessus du feu. « Frappe ! », hurlaient leurs ailes décharnées. Tabara bascula sa tête cornée en arrière. Un long brame de fin du monde retentit. La montagne voisine frissonna. « Tue ! », rugissait l’écho.
Eirikur empoigna son bâton de messe. L’œil de verre du cheval d’ivoire scintilla en un funeste hennissement. Des branchages de varechs grouillèrent à son somment. « Maintenant », susurrèrent-ils.
Alors l’élu leva son arme. Il l’abattit, porté par le vent. L’ivoire percuta le crâne d’Héléna, qui éclata comme un melon trop mûr. Une dent s’échappa de son écrin, décolla au ciel. Croisa un rayon de l’Astre, émit un halo rosé. Puis retomba dans la terre dure, formant un cratère insignifiant.
Le corps de la jeune femme s’écroula. Le triclope ôta son casque. Il l’envoya à trois reprises sur la tête gisante. Bruits de succion, bruits de liquide. Silence. Sourire. Tonnerre. La terre éructait sa joie.
Un écureuil albinos s’approcha de la dépouille suintante. Dévisagea Eirikur. « Debout ! »
*** « Debout ! Ohé, debout ! ». Il est souvent agressif d’être réveillé pendant un rêve agréable. Mais lorsque c’est la longue silhouette avinée d’Hurra Torpedo qui s’en charge, c’est encore pire. | |
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