Je suis accoudé au poste d’observation, me forçant à fixer l’horizon pour ne pas voir la tombe près de l’entrée de la communauté…La neige a fondu, laissant derrière elle un bourbier révélant son lot de cadavres engloutis par l’hiver. L’aube pointe. Depuis combien de temps n’ais-je pas dormi ?
Hier encore…le temps n’est il pas relatif…tout comme le désespoir… elle était dans ma vie tel un soleil, me souriant passionnément. Parmi tous les amours, nul n’était plus beau. Il était le premier. Celui que l’on n’oublie jamais. Dans ses bras, tout n’était que bonheur et enchantement. Je me souviens de son regard ensorceleur, enflammé d’amour et de désir. Je me rappelle le contact de sa peau, douce comme de la soie, que je pouvais caresser pendant des heures. Je perçois encore son odeur envoûtante, enivrante qui me faisait perdre les sens. Je ressens encore ses lèvres telles des pétales sur mon visage…
Moi…peut-être ai-je été naïf et un peu trop attachant. Mais surtout je n’ai pas été là quand il l’a fallu. Et maintenant je m’en acquitte par des pleurs honteux, malheureux d’un amour intense et sans compromis. Quel sens donner à la vie maintenant…
Je pleure et invective la Mort pour qu’elle me prenne. Moqueuse, elle me regarde en souriant. Le Jeu n’est pas fini…
Pour l’instant….