Réveil de Rockeur

L'air vicié et saturé de fumée noire émanant des diverses usines à charbon éparpillées au gré des humeurs des divers dirigeants du Ramdam, faisait comme un manteau opaque, occultant la misère et le désespoir d'une cité désormais agonisante.

Fièrement érigée au milieu d'un paysage propice à la survie, il ne lui avait pas fallu bien longtemps pour transformer un hâvre en antre, où se sont terrés lunes après lunes parmi les plus grande raclure du désert.
Une sorte de coffre-fort de la connerie en somme. La moindre dégénérescence bien armé ou bien gaulé étant à peu près certaine d'y trouver refuge.

C'est dans cet amoncellement de débris fumant, dans ces monticules de détritus que la canicule de l'été achevant a permi la prolifération de multiples épidémies endémiques et la survie d'un rockeur en fin de cycle.
Au centre des ordures, son trône de carton, allégorie à la mégalomanie tout autant qu'a la déchéance, est étrangement vide...
Nombres sont les pipes d'opium jetées qui encombre les environs ou encore, le sang d'un sujet s'écoulant sordidement sur le sol souillé atteste des modifications récente du lieu.

Hurra avait bougé.

Et la seule chose qui éveillait son intérêt depuis la lente et pitoyable chute de Ramdam dans les méandres du confort de piètre qualité, c'était les motos.
Il venait d'enfourcher la Harley qui prenait la poussière depuis si longtemps dans le garage, petit souvenir posthume d'un des plus grands rockeurs de ce désert, Kofte Billy n'avait pu que poser ses fesses grasses et cellullositées sur le cuir abîmé de l'engin.
Il venait de transférer les quelques jerricans d'essence qu'il avait gardé dans le réservoir et dans un nuage noir d'huile, il pu finalement mettre la bête en marche.

Arrivé sur la King Plaza, il regarde le monde qui s'y affaire. Zombis parmi les hommes ou le contraire. D'un coup de pied il arrache le panneau arborant fièrement le nom de la place.
Il n'y a plus de King, il n'y a plus de King Plazza, il n'y a plus de Ramdam.

Apercevant Greg au loin, il jette son mégot de join au sol, avant de rejoindre son pote.
T'es pret poulet ? C'maint'nant.
L'Record est mort mon gars, profite d'ta belle tant qu't'es encore en vie, cassez vous tous les deux. Moi, j'vais tracer ma route quelques jours encore, tant qu'la came me f'ra t'nir.

Mais avant, on a un truc à finir.

Une lueur d'amusement dans les yeux, enfin, ils allaient remettre une dernier coup, foutre une ultime fois le boxon, et passer sordidement dans la postérité.

Nombre de messages : 179 Date d'inscription : 04/07/2008

Deux groupes étaient sur l'embarcadère du Hideout. Les autochtones, d'une part, et Eirikur, le mutant nihiliste cinglé membre du Records, de l'autre.

Un nuage de fumée était visible sur la ville. Un abruti avait peut-être foutu le feu.

Rapidement, la cause du désordre apparut. Un véhicule sortit pour rejoindre l'embarcadère, crachant sa bile aux cieux déjà noircis de l'époque post-crash.

Encore les deux cinglées de rockeuses. La brune et la blonde. Elles avaient montré dans les relations commerciales entre Ramdam, Ironwood et Hideout une incompétence crasse que seuls savent exercer les professionnels.

Elles avaient tapé très largement sur les nerfs de Feydora, passant plus de temps à critiquer la grosseur de ses fesses dans son dos qu'à exercer les indispensables manœuvres de chargement et déchargement.

Et voilà qu'elles quittaient la petite ville portuaire, pour aller vers d'autres régions inconnues.

On lisait la rage dans les yeux des deux femmes. Rage des drogues consommées trop abondamment. Rage de ce qu'on aurait probablement à une époque qualifié de maladies mentales et qui trouvait dans cet univers déchu à s'employer sous le terme de "religion". Du culte morbide d'Eda aux sarabandes orgiaques emmenées par Barbie en passant par tous les massacre, tous les meurtres auxquels avaient participé ces deux créatures de l'enfer montées sur leur destrier de métal, elles avaient prouvé au monde l'obsolescence définitive de toute volonté d'organiser le chaos.

Pendant trop longtemps, pour de basses considérations matérielles, elles s'étaient réfugiées dans le confort de Ramdam. Pendant trop longtemps elles avaient aidé la cité du rock et des artistes à survivre. La déchéance et l'ennui avaient tout envahi. Elles allaient aider à reformer le Records.

Pour de nouvelles aventures ou pour se mettre à creuser, maintenant qu'ils avaient touché le fond ?

Son sac sur l'épaule, Keira arriva presqu'en courant sur le King Plazza...enfin la place anciennement nommées ainsi que Hurra vient de débaptiser d'un coup de pieds.
Elle se dirigea droit vers Greg mais non sans jeter un coup d'oeil en direction du Rockeur, reconnaissant sans le moindre mal la musique du moteur de la Harley. Elle l'avait tellement bichonnée celle-là qu'elle la connaissait par coeur. Voyant le jogging bleu la joncher, elle eut un temps d'arrêt et fronça les sourcils... Il allait encore la bousiller le connaissant... Sentant un pincement au coeur, elle ne put s'empêcher d'interpeller Hurra.

- Hey, Rockeur! Gaffe aux chromes quand même, hein... Et force pas comme un bourrin sur le passage en 4ème... Elle est sensible la d'moizelle... Suffit de jouer un peu et ça passe tout seul... Ca évitera qu'elle t'envoie valser dans le sable... C'est comme une femme, c't'machine... Faut la cajoler...

Ayant donné ses conseils de mécano... et de maman poule des bécanes, elle se tourna enfin vers Greg.

- J'suis prête! T'es sûr que tu ne veux pas venir avec moi? C'est l'histoire d'à peine trois jours...

Une idée se glissa dans ses pensées... Hum... Hurra est enfin de sortie... Quelle idée de lui demander de venir avec elle... Elle coula à nouveau un regard vers le rockeur shooté.

- Enfin... Je pense que tu vas préférer rester avec Hurra... En tout cas, j'serai de retour bientôt parce qu'il est hors de question que tu t'amuses sans moi cette fois-ci!!

Branleur Nombre de messages : 1483 Date d'inscription : 07/04/2008

Loin...

Dans la moiteur des marécages. L'énorme Shopper à vapeur avançait péniblement. Pas fait pour ça le bestiaux. Une petite KTM, plus légère, l'aurait moins fait chier. Il goutait au joies des grands espaces. Et aux désagréments pas la même occasion. Parti après des ébats torrides, il roulait le coeur plus léger désormais. Les choses étaient plus claires, il avait changé de cap.
S'offrait un nouveau demain.

Mais ce vent, cette sensation de liberté...Il ne la quitterait plus jamais.
Toute sa vie il avait connu Ramdam. Mais étais ce vraiment sa vie. Des nouvelles sensations s'ouvraient désormais à lui...Grands horizons, folles chevauchées. Longues traversées du désert. Même les moustiques qui s'écrasaient sur son visage de grand black souriant lui faisaient plaisir.

Loin des murs étroits, des pollutions étouffantes, de la grisaille de la Cité du Rock.

Parlons en de la cité du Rock...Elle avait connu ses heures de gloire, ses concerts mythiques, ses orgies décadentes, sa cocaïne au mètre linéaire.
Sa folie meurtriere, ses exécutions sommaires...ces personnages mythiques, ces casse-couille célebres...Les Torpedo, Les Samy, les Eiri, les Tabi, les Barbie, les Greg....Les Shazaam, les Selene...
Tout ce qui a fait de la cité du Rock La cité du Rock.

Loin...bien loin.

Aujourd'hui, elle était entrainée par l'inertie d'une vie pépere, rangée, cachée derriere ses murets hérissés de barbelés. La sécurité est le pire des dangers. La sécurité c'est l'ennui. Et l'ennui c'est la mort.
On lui offrait une nouvelle vie sur ses propres ruines.
ce qui pouvait lui arriver de mieux. Mourir avant de choir. Mourir avant la honte, avant de perdre la derniere étincelle d'âme.
mourir avant de ne plus être Rock'n Roll

Et sauf si le Ramdam Record lui proposait le dernier des road trip, il ne rentrerait pas. Fuck the Rules....

» Quand j'serai grande, j'serai un vrai rockeur!
» Un reveil difficile
» Reveil difficile....