Campement posé, soirée calme, le Ramdam Records se repose d’une journée de voyage marquée par les cahots de la route, les bleus et bosses dus à la promiscuité entre les passagers et la carlingue, enfin (et surtout) le style de conduite brutal des pilotes successifs. Tous sont épuisés, mais retrouvent quelque réconfort, affalés chacun dans leur coin pour un repos réparateur. Pour certains, ce soir, le sommeil est venu en claquant des doigts. Pour d’autres, il n’est pas au rendez vous. Jeff fait partie de ceux-là.
Pseudo-sommeil agité, rêves bizarres, nerfs mis à mal par le « confort » du trajet… Il finit par se lever… quelques pas lui feront du bien…
Machinalement, Il se dirige vers la voiture. Sans doute un réflexe de routine pour vérifier que tout y est à sa place. Arrivé à quelques mètres, il marque un temps d’arrêt, et se rend compte qu’il y quelqu’un à l’intérieur… Sélène, installée sur le siège arrière, sa guitare entre les mains, semble avoir du mal elle aussi à se reposer…
Jeff décide d’entrer. Il s’installe de l’autre côté de la banquette, puis ferme la portière derrière lui. Sans doute préfère t’elle ne pas être dérangée, mais tant pis, discuter un peu ne peut pas faire de mal. Si vraiment il se rend compte qu’il gêne, il n’insistera pas.
Y’a pas d’heure pour jouer on dirait… je sais pas comment tu fais pour supporter d’être assise dans ce tape-cul une minute de plus…
La jeune femme paraît légèrement amusée
On dirait qu’il a un goût de reviens-y ce… tape-cul, comme tu l’appelles ! vas-y, entre… je mords pas, pas ce soir… c’est ma pause…
Et plusieurs minutes s’écoulèrent ainsi, au cours desquelles les deux musiciens réussirent (ambiance détendue particulière ?) à échanger diverses banalités. En outre, dans l’intimité de l’habitacle, le batteur et la guitariste remarquèrent chacun, furtivement certains regards de l’autre. C’est vrai que la jeune femme était plutôt attirante malgré son attitude quotidienne froide et renfrognée, et Jeff crut ce soir là discerner en ses yeux un langage inhabituel. Au point que l’homme au manteau gris finit par se sentir suffisamment en confiance pour risquer :
Hum, … dis moi, supposons que je me rapproches un peu, y a t’il des risques que tu te serves de cette lame planquée dans ta botte ?
Ca dépend, peut être, tu n’as qu’à essayer…
Selene le fixa droit dans les yeux
ou peut être pas…
Soutenant le regard de l’italienne, Jeff vint doucement à proximité. Le prenant de vitesse, Selene le repoussa en arrière, puis vint s’appuyer contre lui. Elle attrapa ses mains, puis lui ramena les bras au dessus de la tête. Les deux visages se rapprochèrent…
T’inquiètes, si jamais tu dépasses les bornes avec moi, tu le sauras assez tôt.
Tout en maintenant sa prise d’une seule main, la seconde vint ôter les affaires de Jeff. Puis l’italienne commença à goûter sa bouche et son menton. Ce n’est qu’après avoir ouvert son pantalon, puis déboutonné le sien, qu’elle se servit de ses deux mains pour le débarrasser de son haut-de-corps. Après une ou deux secondes de flottement, l’homme l’attrapa par le dessous des cuisses afin de mieux la maintenir. Ils officièrent finalement ensemble, chacun d’une main, pour libérer la poitrine de la jeune femme.
Au dehors, les rockeurs continuaient soit à ronfler du sommeil du juste, soit à comater en combattant l’insomnie. De l’extérieur du véhicule, une oreille exercée aurait sans doute pu y entendre les respirations accélérées des deux amants… La voiture, trop massive pour cela, ne remuait presque pas dans le silence relatif de la nuit. Si quelqu’un avait remarqué ce qui s’y passait, personne ne le montrait… A l’intérieur, Jeff adossé au siège arrière accueillait toujours Sélène contre lui. C’est ainsi enlacés que leur étreinte s’acheva…
Grisé, Jeff, les yeux fermés, pencha sa tête pour embrasser sa partenaire dans le cou. La jeune femme prit son menton d’une main, le repoussant contre le siège, puis lui administra une petite gifle afin de le ramener à la réalité. Replaçant d’un geste une mèche de ses cheveux noirs, achevant promptement de remonter son pantalon, elle le gratifia d’un petit sourire malicieux avant de finir de mettre les choses au point :
Pas trop vite en besogne, picciotto, c’est tout pour aujourd’hui…
Puis, refermant les pans de sa veste de cuir noir pour se protéger de la brise nocturne elle ouvrit la portière, et sortit aller dormir dans un coin du campement. Il ne la reverrait pas avant le lendemain matin…
Réajustant ses sapes, passant ses mains dans ses cheveux pour les recoiffer sommairement dans un réflexe futile, il reprit son souffle, puis se détendit. S’adossant au siège, bras et jambes écartées, alors qu’il reprenait ses esprits, il prit le temps de s’allumer une cigarette d’herbes séchées…
Ah… les femmes…
Dim 17 Aoû - 16:11