Live at Necropolis

Le versant nord de la montagne était tapissé de petites fleurs orange. La puanteur huileuse et charbonnée de l’Austin masquait à peine les senteurs enivrantes. Poivrées, succulentes, suaves. De petits nuages de pollen surnageaient à la surface de la prairie, arrachant des éternuements glaireux aux musicos du Ramdam Records. Hurra, les muqueuses déjà ruinées par son addiction poudreuse, était le plus atteint. Les yeux rougis, le visage écarlate, le nez morveux.

« Atchoum ! »

La voiture plaintive s’était immobilisée. La hauteur de la friche fleurie rendait la progression lente et incertaine. Les instrus furent promptement descendus, jetés sur le matelas moelleux de végétation.

De cet éperon, on apercevait nettement le petit village de Nécropolis. Quelques tentes et baraquements épars, surmontés de quelques petites tours de rondins. C’était mignon, franchement bucolique.

Un brin d’herbe dans la bouche, lascivement allongés parmi les tiges, les membres du Ramdam Records firent ce qu’ils savaient le mieux faire : glander comme des mollusques atteints de mononucléose. Les paupières se firent lourdes. Certains plongèrent sans retenue dans un sommeil ronflant, d’autres s’adonnaient avec exaltation à l’observation des escargots mutants.

Après tout, dans quelques heures, ils allaient être assaillis par le beuglement des groupies transies, seraient rudoyés par le fracas des mouvements d’une foule en délire. Même des bêtes de scène comme eux n’étaient pas des machines, il fallait bien s’accorder du bon temps.

« RrrrrrZzzzzz rrrrrrrZzzzzz »

Les heures s’égrainèrent, paisible. Jusqu’au cri primal.

« GOOD MORNIIIIING NECROOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO ! »

Le Ramdam Records se lève d’un bond infarctien. Quelques centaines de mètres en contrebas, les villageois sortaient, les yeux écarquillés.
Les musiciens les observèrent, tournés vers la pente. Leur bouge n’avait pas l’air de sentir la pute. Qu’importe, c’était des gentlemen. On leur offrait le gîte, ils offriraient l’extase. Les jacks furent branchés. Les médiators dégainés. Les baguettes tournèrent autour des doigts encore endormis.

Les vrombissements des guitares déchirèrent le morne silence. Les alouettes qui nichaient dans la prairie s’envolèrent, abandonnant leur progéniture. Elles ne savaient pas ce qu’elles perdaient.

Mr. T. dit:

Citation :

Première pensée au réveil : " Putain font chier ces rockeurs"

Deuxième pensée : "bas au moins on sais maintenant que c'est des types réglo"

Puis la musique démarra et les pensées s'embrouillèrent faisant s'envoler la monotonie et les soucis ambiants. Il en venait presque a sautiller sur place. Dehors il vis des gens danser ,fait inédit a Nécropolis. Puis tout alla très vite jusqu'à ce que la musique s'arrête.

Il se tourna alors vers les montagnes et attendit la suite du programme ....

Xeloras dit:

Citation :

Xeloras cru qu'il allait faire un arrêt cardiaque, il somnolait à côté de la baliste quand il se réveilla en sursaut.
Il sauta sur la baliste pour envoyer un pieux dans le premier fou qui serait en face de lui, mais rien ne vînt. Il prit une seconde pour écouter et se rendit compte que ce n'était que de la musique. Et entrainante en plus! Il sauta à terre et alla voir à la vigie ce qu'il se passait en contrebas.

Il fut surpris de voir le troupe du Ramdam Record en train de se déchainer sur leurs instruments.

Xeloras eut alors un comportement bizarre, comme une pulsion qui venait du plus profond de lui même.
Il prit une grande inspiration et hurla de toute la force de sa voix de basse.


Je vous entends pas!! PLUS FORT!!!

Galéa dit:

Citation :

Un puissant larsen avait réveillée Galéa..

Elle fût surprise de ne pas voir Xéloras près d'elle dans la tente médicale.

Lorsqu'aucune épidémie ne sévissait dans la cité l'endroit était idéal pour passer une nuit ensemble....

Elle se redressa et distingua une voix entre les grésillements qui résonnaient entre les falaises surplombant Necropolis.

- La tournée de Ramdam... Ils sont arrivés.

- Eh merde.. Va falloir calmer tout le monde pour éviter le bain de sang..

Galéa se leva, elle était nue et s'empressa de retrouver ses vêtements éparpillés dans la tente médicale...

- Merde mais pourquoi si tôt bordel...

Elle trouva d'abord son vieux Jean et l'enfila en un mouvement, attrapant sa culotte et la glissant d'un geste dans sa poche.

Son débardeur enfilé, elle attrapa son soutien-gorge sa veste et son arme d'une main et surgit hors de la tente en direction des balistes...

- Pourvu que personne n'ai fait une connerie...

Approchant à grand pas de la baliste elle reconnu Xeloras et souffla. Une bonne peur et une bonne suée au réveil.. Rien de mieux pour la ligne.

Elle enfila sa veste et glissa le sous-vêtement qu'elle tenait encore près de son arme dans une de ses poches..

- Alors ça donne quoi ?

Elle tendit l'oreille et n'attendis pas la réponse de Xéloras:

- Alors j'avais pas dit que c'était des vrais musicos?? Enfin on va pouvoir faire un peu la fête ici. Ça va pouvoir changer les idées de tout le monde.

Elle se retourna vers Xéloras arborant un grand sourire..

Une douce aube. Le soleil se cachait encore sous l’horizon, mais déjà les premières lueurs orangées parsemaient le ciel, créant ces particules dorées singulières aux matins d’été.
Le Ramdam Records s’était endormi… ou du moins une partie, profitant d’un repos bien mérité après la longue route, qui fut rythmée par les cahots et autres chocs provoqués par la conduite toujours joyeuse de Tabara. Sans réellement s’en rendre compte certainement, Selene s’était assoupie la tête posée sur le ventre de Jeff.

GOOD MORNIIIIING NECROOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO !

Réveil brutal. Selene releva brusquement la tête, puis se releva dans la seconde suivante.

- Cozzo, mais quel con…

Désormais consciente de la situation, encore assise dans l’herbe, elle lança un regard entendu à Jeff. Pas question de croire que ceci marquait un tournant quelconque, ou de penser que c’était une marque d’affection poussée.
La surprise passée, la jeune femme posa un regard sur la scène. Austin fumante, Hurra cocaïné, musiciens doucement endormis. Rien à dire, ça ressemblait vraiment à un groupe de rock.

Selene se releva enfin, époussetant d’un geste machinal le cuir de la tenue pour le débarrasser des éventuels brins d’herbe qui s’y seraient accrochés. La mine renfrognée, elle se dirigea vers la voiture, pour en déloger la Manson Bomber rutilante. L’instrument sembla radoucir sa propriétaire. Branchements effectués. Greg et Selene pouvaient enfin suivre les accords amorcés par Hurra.
La troupe levée au complet, le convoi se mit en route, au rythme des battements, des riffs de guitares, et des voix mêlées de Hurra et des premiers fans à la radio.

Je vous entends pas !
Il nous entend pas ?

Pas de problème. Lançant un regard à Hurra perché sur le toit, elle trifouilla le contrôleur midi pour augmenter le volume. Elle joua également avec le vibrato de la guitare, modifiant ainsi la hauteur du son.

Scène de rock post apocalyptique. Le groupe avançait lentement, instruments en mains. Le leader sur le toit, les autres autour. Le Ramdam Records se laissait baigner par les premiers rayons du soleil levant en lui offrant le son.
C’était ça. Scène de rock post apocalyptique.

L’Austin toussota. Toussa. Expectora un ronflement métallique. Puis tout s’emballa. La chaudière, opportunément percée par deux mécaniciens amateurs – qui ne tarderont pas à se dénoncer – rugit, vrombit, bourdonna. Explosa, saturant l’air de boules de flammes cuivrées, qui tournoyèrent dangereusement…



La masse de tôle tressauta, puis s’élança à folle vitesse dans la pente…



« AAAhhhhhhh ! »



Après quelques centaines de mètres de d’insensée chevauchée sauvage, l’Austin s’immobilisa, freinée par les hautes fanes de céréales. Le moteur tonna une dernière fois, libérant une immense colonne de fumée noir de jais saturée d’huile infâme.
Le bourdonnement lancinant s’étiola poussivement…et mourut.