Cosa Nostra

La silhouette semblait s’adresser à elle.
Selene fronça les sourcils. Elle croyait avoir entendu une voix d’homme, mais le sifflement du vent, conjugué au bruit bourdonnant de la pluie et aux éclatements secs rendaient tout son incertain. Le type se tenait face à elle, un peu distant, visiblement prudent. Il était sorti de la tente devant laquelle elle venait de passer une énième fois. Il répéta. Immobile, la jeune femme l’observa avec dédain. Non mais c’était quoi ce connard ?
De l’argent. Parce qu’ils avaient recréé de l’argent dans ce bled. A vrai dire, Selene ne comprenait pas exactement à quoi il pouvait bien servir, si l’on considérait le système de production et de consommation de la ville. Mais instinct de Mafieuse oblige, le mot lui chatouilla l’oreille. Un léger sourire en coin, elle se rapprocha de l’homme, et put enfin le distinguer. Il était bien entendu plus massif qu’elle, mais elle faisait presque la même taille que lui, grâce aux grosses semelles noires qu’elle faisait vagabonder au sol. La lame glacée du poignard frottait contre son mollet.

Elle s’arrêta de nouveau. Froide, marmoréenne. Un regard azur brilla vers l’homme.

- Discuter entre hommes, ça va pas être possible, picciotto, j’n’en suis pas un.

Les quelques formes, et les cheveux d’ébène qui lui tombaient presque gracieusement sur les épaules pouvaient en témoigner. Son manteau claqua au vent.

- Si on suppose que tu en as, ton fric m’intéresse pas… Enfin, pas pour le moment, je n’ai pas encore eu l’honneur de te voir présenté. Le reste on verra plus tard, faisons les choses dans l’ordre.

Presque amusée, elle tournait autour de l’homme comme une prédatrice, la main constamment tendue vers le manche du poignard, ne le touchant cependant pas.

- Je suis Selene. Je crois que je me suis un peu perdue, en fait.

La sombre silhouette torunait autour de Jerk. Pas moyen d'en aprecevoir quoi que ce soit.
Debout, Jerk se sentait bien plus grand et plus massif que lui.
Pompe à eau à la main, il avanca d'un pas quand il entendit, dans le fracas de la pluie sur les tôles

Dis...ho....va pas être possible, picciotto......un.

Picciotto...une ragazza! A cette heure ci et sous la pluie en sus...

...fric m'interesse pas...
...Selene..perdue

Jerk s'avanca d'un pas, laissant apparaitre sa vilaine tete de black balafrée dans la lumiere d'un des projo des tourelles de guet d'ON.

Jerk se mit à rire, et s'avança prudemment, pompe à eau prete à servir à autre chose qu'à l'approvisionnement, au cas ou.

Moi c'est Jerk, on peut baisser les armes?

Baisser les armes ? Pas sûr. Elle devait d’abord effectuer un rapide examen de l’inconnu. Selene continuait donc de tourner autour de Jerk, pouvant désormais le distinguer un peu plus. Pas de doute, la bête était bien bâtie, mais ça ne lui faisait rien. Elle en avait rencontré d’autres, après tout. Il avait cependant quelque chose dans les mains. Un truc étrange, dont la jeune femme douta qu’il pût bien lui faire réellement du mal, bien qu’elle ne sache pas du tout ce que c’était.

- Bien. On baisse les armes.

Le bras droit jusque là tendu vers le poignard reprit une position moins offensive. Malgré tout, Selene restait prête à réagir à tout geste suspect.

Peut-être lui avait-on un peu trop inculqué la méfiance, au fond, mais elle ne s’en rendait pas compte. C’était devenu normal, un lot quotidien. 'Si ce n’est pas un ami, c’est un ennemi potentiel.' Mais ici, on pouvait supposer que si ces gens s’étaient regroupés dans une ville, après une telle Apocalypse, c’est qu’ils s’entendaient plus ou moins bien. Un vague souvenir vers les sacs de sable qui servaient de barricades. Non, décidément. N’importe quel mec un peu rusé pouvait s’infiltrer pour venir taper innocemment la causette avant d’en descendre deux ou trois.
Elle s’arrêta enfin de tourner.

- Je deviens même gentille si tu sais m’amener dans un endroit un peu moins humide.

Jerk sourit

J'en demande pas tant M'zelle.
Pour un endroit moins humide, j'ai ma tente.
C'est pas bien grand, mais ya toujours moyen de faire du thé pour les nouveaux arrivants.
Maintenant, je peux aussi comprendre que pour une fille de bonne famille, meme avec un poignard à portée de main *Jerk avait maintenant reconnu la lueur qu'il avait aperçu toute à l'heure*, ça peut deranger de se retrouver dans une tente à pas d'heure...

Jerk toisait la demoiselle. A la manière de garder son arme à portée, il se doutait qu'elle savait sans doute se defendre. Valait mieux rester sur ses gardes.
La pluie degringolait comme attirée par un sol asséché.
L'eau ruisselait, et lui mouillait les pieds.
Merde, il avait pas remis ses pompes avant de sortir.

Autre option, la salle polyvalente...Mais c'est à l'autre bout du camp, et ya bien longtemps que la tapisserie a pas été refaite...

C'est toi qui vois...

L’homme ne pouvait sans doute pas percevoir les expressions de son visage, mais Selene lui lança un regard sombre. Elle avisa la tente derrière Jerk. De la toile usée, des vieux bouts de tôle. Ce n’était pas tant le propriétaire que l’éventualité de l’eau qui s’infiltrait qui la poussait à refuser.

- La salle polyvalente me paraît une meilleure option. Ça me permettra de repérer les lieux, et peut-être de voir la tête d’autres types fréquentables.

A bien y réfléchir, il n’était pas certain qu’elle-même soit si fréquentable que ça. Le poignard constamment glissé près de sa jambe, le long manteau noir orné de tribals indistincts, et l’expression presque aussi froide que la pluie d’automne, étaient les témoins les plus visibles de sa personnalité.
L’éclair bleu de son regard perça à nouveau vers Jerk. Un type noir baraqué, mais qui semblait un peu maladroit et penaud, la précipitation l’ayant fait sortir de sa tente sans ses chaussures. Il semblait toujours se méfier.

- Je te laisse enfiler quelque chose qui rendra le temps moins désagréable.

En attendant, Selene reprit sa position d’observation. Les alentours étaient calmes. Rien d’autre que les gouttes de pluie ne perturbait la pénombre immobile d’Omega Nuke. Les sifflements qui se baladaient à travers les baraquements rendaient le lieu lugubre.
Il était bien trop tôt, en fait.

- Sauf si tu préfères dormir encore et remettre ça à tout à l’heure.

Alors bouges pas je reviens.

Jerk entra dans sa tente, hesita un instant à y laisser la pompe à eau, ce qu'il se resolut à faire cependant.
Il enfila une paire de sandales.
Mouillé pour mouillé, ça servait à rien d'arroser quelquechose d'autre de sec.

De la tente:
Je te fais faire le tour du propriétaire, et je te presente deux ou trois amis?

Jerk resortit

'suis prêt!
La salle polyvalente, c'est par là.
Tu me suis?
Et sur la route, si ça te dit de me raconter d'ou tu viens, j'aime bien écouter les gens parler...

- D’où je viens…

Selene eut un sourire sans joie. Raconter d’où elle venait.

- Je me demande si c’est vraiment si important. Tout a été détruit, alors « d’où tu viens », ça n’existe plus.

Se mettant en route aux côtés de Jerk, elle sembla réfléchir. Elle n’y avait jamais pensé, depuis la sortie du bunker. Et pourtant, c’était logique : les gens que vous rencontrez veulent connaître votre passé, savoir ce que vous avez vécu pour vous cerner un peu. Alors que pouvait-elle bien raconter. Qu’elle avait fait partie de la plus grande organisation criminelle pré Crash ? Que depuis très longtemps, elle savait tuer tout en conservant la glaceur d’un iceberg ? Ridicule, le type partirait prévenir les dirigeants de la ville, et qui sait ce qu’il adviendrait alors de la jeune Mafieuse.
Elle ne pouvait pas dire grand chose, en fin de compte.

La pluie qui ruisselait sur elle et commençait à engourdir ses membres la ramena à la réalité. Elle avisa Jerk. Lui, il avait sûrement quelque chose à dire.

- Je crois que viens de ce qu’on préfère ne pas raconter. Commence. Raconte-moi ce que t’as parcouru.

Jerk comprenait...avant le crash, ça n'était plus..

Bah moi tu sais, j'ai pas beaucoup bourlingué pour en arriver là...
Un bar dans le desert, un tesson de bouteille...Et puis des tonnes et des tonnes de sables jusqu'à omega..

Jerk avancait un peu devant elle, la garde relachée...risque inconsideré? il ne s'en rendait meme pas compte.

Viens c'est par là.

Jerk les engageait dans une etroite ruelle mal eclairée, au fond de laquelle une grande batisse s'elevait

Pas grand chose à dire d'autre sur moi sinon...On y arrive..Attention ou tu marches, c'est pas propre propre en passant par ici..

*Assise sur une caisse et contre le mur de la salle une petite asiatique regardait le ciel. Elle avait coller ses genoux contre sa poitrine et ses bras autour de ses jambes. A coté d'elle un bâton de bois, un peu comme un manche a balais.*

Une si petite histoire. Selene observait silencieusement l’homme qui marchait désormais devant elle. Soit il avait vécu quelque chose de triste, soit il n’avait réellement rien trop vécu, et à ce moment-là, c’était triste tout de même. Ou bien il ne voulait rien lui dire, comme elle avait fait. Mais à ce moment-là, il n’aurait pas fallu poser la question. .
Pas de compassion. Quelle que soit la situation, la jeune femme se sentait bien hors de tout ça. Seuls comptaient quelque peu en ce moment la découverte de la ville, et le fait que l’homme, à peine connu, ne paraissait plus se méfier d’elle. Selene n’avait encore jamais expérimenté ça. Etrange, cette confiance qui semblait s’installer aussi rapidement. Elle s’interrogea intérieurement. Le poignard frottait toujours sa jambe, bien stable dans la boots. Comme une sécurité. Elle ne songeait pas à avoir un quelconque geste d’attaque ici.

Jerk la mena dans une rue plus petite – si tant est que l’on pouvait vraiment appeler ça des rues, si l’on considérait la structure désolante de la ville. Un grand bâtiment lançait leur ombre sur eux. Une autre silhouette se tenait contre le mur, visiblement pas dérangée le moins du monde par la pluie. Une jeune femme.

- C’est une amie, elle ?

La voix était de nouveau un peu plus froide, comme si Selene avait été dérangée par cette brusque intrusion. Jerk continuait son chemin, elle le suivait alors.

*La jeune femme semblait parfaitement ailleurs, d'esprit du moins, n'ayant visiblement pas perçu le couple approcher*

Jerk regardait une silhouette se decouper dans la nuit...Pas de doute, c'etait Lola...

Une amie..euhhh...on va dire oui...en tout cas dangereuse que pour moi!

Lola, je te presente selene

*La dénommée Lola sort de ses pensées tournant la tête lorsqu'elle entend son nom. Elle regarde l'homme qui l'appelle et hoche un peu la tête à son adresse*

Bonsoir Jerk

*Elle regarde la jeune femme, un bref coup d'oeil à sa tenue avant de lui adresse un hochement de tête également pour la saluer*

Bonsoir mademoiselle *Ses sourcils se plissent un peu* Sélène ? N'est ce pas vous qui étiez aux portes de la ville il y a peu à demander les règles ?

Selene leva les yeux au ciel.

- On va m’épargner les détails, hein.

Elle avait bien compris de quoi il en retournait. Jerk n’avait pas l’air très doué pour dissimuler rien qu’un léger malaise ; de son côté, la jeune femme ‘dangereuse que pour lui’ n’avait pas l’air de s’en soucier plus que ça.
La Mafieuse hocha simplement la tête en réponse à la salutation de Lola. Désormais un peu plus sous la lumière de la lune, elle parvenait à discerner la Nukienne. Plutôt étranges, les fringues. Des originaux ici, sans doute.

Jerk s’était arrêté, et Selene commençait à s’impatienter. En dehors de ces deux-là, la salle et les alentours semblaient vides.

- C’est aimable à toi de m’avoir montré le chemin, Jerk, mais je vais vous laisser entre tourtereaux. Maintenant que je connais, je pourrai y revenir.

Elle tourna alors les talons, et repartit en sens inverse dans la ruelle sombre. La pluie s’était légèrement intensifiée. En réalité, Selene avait en tête un tout autre projet que celui de découvrir la mauvaise tapisserie de la salle polyvalente. Elle ne savait pas qui ils étaient, mais elle voulait apercevoir ce groupe qui avait terrassé le si puissant Acide.
Pour bien faire, il fallait qu’elle évite de se perdre à nouveau. Première règle pour cela, arrêter de voyager dans ses pensées, et repérer le chemin, identifier les bâtiments. S’ils défendaient, ils devaient se trouver près de la vigie. Et la vigie, ça devait être ce grand machin qui surplombait le reste, et qui se trouvait vers les portes.

C’est parti. A la recherche des Ecorcheurs.

Selene a écrit:

- C’est aimable à toi de m’avoir montré le chemin, Jerk, mais je vais vous laisser entre tourtereaux.

*La jeune asiatique bondit de son tonneau pour retourner au sol* Ah non il y à erreur Sélène, il est hors de question que je sorte avec lui

*La voila qui s'éloigne doucement, puisque Sélène ne restait pas, elle n'avait pas envie de rester seule ici*

Jerk les regarde toutes les deux partir dans des directions opposées.

Bon, ben ya rien qui change à Omega...

Il s'en retourne sous la pluie vers sa cahute...la prochaine fois il frappera, et il discutera apres..on lui apprendra à etre urbain...