la Cité de l'Atome

Une ère de chaos et d'anarchie.
Les émergents, à peine sortis de leur bunker, étaient confrontés à la vision d'apocalypse d'une étendue désertique, sable et scories, particules de plastique fondu et poussière de béton. Les cendres de la Civilisation.
Très vite, ils devaient affronter la pire des barbaries. Meurtre, viol, cannibalisme, esclavage... Il subissaient tout ça de plein fouet, et peu en réchappaient. L'homme se rabaissait au rang de la bête. Et pire encore.
Détruire, piller. Asservir ou être dominé. Survivre, à tout prix.
Le Stalker errait sur ces terres oubliées des hommes et des dieux depuis longtemps déjà. En quête de la Civilisation, il avait écumé les ruines radioactives d'un monde perdu et le désert vitrifié, luttant contre ses fantômes, pauvres créatures rongées par les radiations, zombies avides de chair humaine, fuyant les bandes de pillards et les esclavagistes. Le regard tourné vers la fin du voyage et sa destination. La Cité de l'Atome.
Elle portait jadis un autre nom, évocateur de science et de progrès. Balayée comme les autres cités de l'Avant, perdue dans la tourmente de l'Hiver nucléaire qui avait duré une décennie, recouverte par les cendres, son souvenir perdurait dans la mémoire des survivants.
A son emplacement, ils avaient bâti un nouvel espoir.
La communauté d'Omega Nuke. Phare au milieu des ténèbres de ces temps en proie au chaos.

Un nouvel espoir ?
Plutôt une lueur tremblotante qui menaçait de s'éteindre à tout moment. Car la région n'était pas vraiment de celle où il faisait bon vivre si on était désarmé.
En dehors de ses murs, au pied même des barricades, on ne reconnaissait aucune autorité à la cité. Comme partout ailleurs c'était la Loi du plus fort qui restait la donne. On y tuait pour un litre d'eau ou un peu de nourriture, voire pour le plaisir. Des voyageurs isolés étaient régulièrement dépouillés et dépecés par les maraudeurs qui hantaient les collines. Voyager seul relevait du suicide.
Mais si vous aviez de la chance, et si vous voyagiez en convoi... et si votre carte était fiable, alors vous finissiez par l'apercevoir. Omega Nuke, enfin.
Précédée par une odeur de charnier. Un bidonville écrasé sous un soleil de plomb, érigé au milieu des ruines. A peine une centaine d'âmes.
Espérance de vie réduite à peau de chagrin, natalité zéro.
Ses dirigeants arrogaient le titre de Citoyen en échange d'une saison de travail. Et avec l'octroi de la citoyenneté, l'immunité pour vos crimes passés et à venir.
Au sein de la communauté, on fermait les yeux sur beaucoup de choses.
Non, Omega Nuke n'avait pas des allures de Terre Promise.
Et pourtant c'était peut-être ici que la Civilisation pourrait renaître.

L'Ordre, demain.
Ils revinrent sur leurs terres dans le vrombissement des moteurs à essence, de retour de la campagne qu'ils avaient mené à l'Ouest pour éradiquer la menace du Chaos.
Le Stalker avait entendu parler de leur chef, Orlan Razul, et de l'Ordre qu'il voulait restaurer.
Il promettait la fin des pillages et des crimes. La sécurité pour chaque personne placée sous sa protection sur son territoire. L'éradication des meurtriers.
Les temps étaient durs, et seuls des hommes durs et impitoyables seraient à même de se dresser face à la barbarie.
La Glorieuse Ere de l'Atome était certes révolue, mais des ruines et de la poussière encore chaudes allait naître un Nouvel Ordre.
Le retour à la Civilisation. La Science ! Des mots qu'il n'avait plus entendus depuis des années.
Un jour, Omega Nuke rayonnerait sur tout le territoire pacifié du Nord. Les voyageurs viendraient de loin pour admirer ses merveilles technologiques et se rallier à la bannière de l'Ordre.
Il se surprit à espérer, pour la première fois depuis qu'il était sorti de son vault pour parcourir les restes de ce monde ravagé.
Sa quête s'achevait, une autre allait commencer. Et il faudrait encore beaucoup de sueur, de sang et de larmes.
Le Stalker s'en retourna donc à sa tâche comme les autres. Mais plus tard, il s'entretiendrait avec le Seigneur Razul.