Sigurdr au soleil

Tout c'était passé vite. Trop vite.
Complètement pris au dépourvu, 72 ne put qu'à peine ressentir la douleur de voir son amie souffrir que voilà qu'elle partait comme une furie.
Bien sûr son intervention était vide de sens, il aurait voulu lui dire qu'il voulait la soutenir, l'aider. Mais comment?
Ho ce n'était pas qu'il eut à tenir le bar qui le retint. Plus la brièveté de la situation. Il avait toujours cru être quelqu'un possédant assez de sang-froid pour réagir correctement en cas d'action soudaine. Et bien maintenant il priait pour ne jamais tomber dans une embûche ou subir quelconque attaque de pillard ou autre.

Keira lui avait plaqué les clés dans la main, et il les regardait encore alors qu'elle était déjà en train de parfaire son paquetage. Mais qu'est ce que c'était que ce cirque?

Réagissant enfin, 72 serra les clés dans sa large main et sortit du bar.

Bordel! Où avait-elle put aller? Hum...elle voulait se barrer, elle n'allait certainement pas partir à pieds.

Courant aussi vite qu'il put, il atteint l'écurie. Personne! Pas même un type à qui il aurait pu demander s'il avait vu la jeune femme. Un peu perdu, le grand chauve ne pensa pas à faire le décompte des montures et véhicules pour savoir si Keira en avait déjà pris une. Décidément, il n'avait aucun sang-froid!

Sortant de l'odorant bâtiment, il regarda de tous côtés et fit face à une cruelle vérité. Il n'avait pas la moindre idée d'où logeait Greg et Keira...un comble!

Ho bien sûr il visualisait quelques bâtiments à Ramdam, mais de ce qu'il connaissait vraiment, c'était le quartier des exploitants près des portes, l'infirmerie, le zénith et la fosse. Passant le plus clair de son temps en extérieur, il n'avait jamais vraiment eu le temps de faire le tour de la communauté, en arpenter les recoins...

Comme souvent en pareils cas, son esprit s'égara un peu, il pensa vaguement qu'il devrait peut être se porter volontaire pour prendre des tours de gardes sur les murs. A défaut de sang-froid il pourrait au moins alerter les autres, et cela lui permettrait de découvrir un peu les quartiers de la ville dans lesquels il ne mettait jamais les pieds.

Tentant de reprendre un peu ses esprits, 72 arrêta de courir dans tous les coins.

* Bon, en étant logique, leur baraque ne doit pas être le dernier des gourbis. Putain mais où ça peut être? Comment ça se fait que je sache pas où ils crèchent???*

Bordel de meeeerdeuh!

Se prenant la tête dans les mains, il ne fit pas attention aux branleurs qui trainaient en le prenant pour un fou.

*Putain à qui je peux demander où ils habitent?*

Une autre douloureuse vérité se jeta à la figure du grand chauve. Mis à part les exploitants, Jerk, Toubib et Garanius bien sûr, ainsi quelques autres habitants qu'il avait croisé succinctement comme Madoka ou Saphiron avec qui il allait devoir s'entendre pour être efficace, il ne connaissait personne d'autre à Ramdam que Keira, Greg et Hurra. Même Aaron ou Shazam avant qu'il ne meurt il ne leur avait pas réellement parlé...

Putain mais c'est pas vrai!!!

Il tournait en rond entre des bâtiments qu'il ne connaissait pas quand tout à coup, il sentit remonter de son échine cette curieuse sensation qu'il n'avait plus éprouvé depuis bien longtemps. Depuis Yellow Roar et cette après-midi avec Neige. Il avait cru l'espace d'une longue période en être définitivement débarrassé...

Le grand chauve s'effondra sur le sol. Au milieu d'une rue qu'il ne reconnaissait pas. Les quelques passants le laissèrent au sol, persuadé qu'il était ivre mort.

[HRP: Ceci est une vision qu'a le grand chauve en se vautrant dans la fange. Si vous voulez en savoir plus, suivez cette direction! ]

Le petit air d'opéra teinta à ses oreilles. Le choc électrique avait été violent. Très violent. Trop, sûrement. L'eau dans laquelle baignaient ses petits pieds d'enfant l'avait très bien conduit; au delà de toute attente à vrai dire. Le lien avait été établi, étrangement puissant. Alors que chaque partie de son corps semblait s’offrir à la souffrance insupportable, le mal véritable, avait été tout autre. Il avait enfin réalisé. Il avait enfin vu clair dans le jeu de la doctoresse.
Il sut enfin que ce simulacre d’amour n’était qu’illusion. Elle avait cherché à lui montrer l’amour d’une mère envers son enfant pour mieux le duper et le canaliser. Pour lui offrir une bouée de secours afin que son esprit ne s’égare pas.
Cet écran de fumée s’évapora avec ce sourire, diabolique, il le savait désormais. La solitude s'ancra dans le cœur du garçon au rythme frénétique des baffes que lui administrait avec ferveur celle qui fut sa protectrice dans un temps qui devait appartenir à un rêve amer.

Le jeune garçon avait rejoint sa couche, un homme en blouse blanche l’avait emmené sans ménagement dans la cellule qui lui servait de salle à vivre après s’être brièvement assuré que le cœur du garçon battait de façon suffisamment régulière.
Il était là, allongé, à sucer le sang qui coulait encore de sa lèvre explosée. Étrangement, et même s’il venait de perdre la seule personne qui semblait lui accorder de l’importance, il ne se sentait pas seul. Plus maintenant. Alors qu’il avait toujours été perdu, écoutant sans trop y croire les promesses d’un avenir meilleur lâchées par la doctoresse lorsque, la souffrance excédent un certain seuil, il fondait en larme en sa seule présence.
Il s’était toujours sentit vide. Une sorte d’objet sans âme livré aux mains des chercheurs. Mais il n’avait plus cette sensation désormais. Il sentait quelque chose de noir couler en lui, quelque chose d’irrésistible. Et il se délectait de sa saveur.

72 se releva. Immédiatement il reprit sa forme adulte. Le garçon, lui était resté allongé. Il le regardait avec un sourire. Un sourire inquiétant. Il avait totalement changé. Alors que par le passé il avait dans le regard, du respect et de la tristesse, il semblait maintenant émaner de lui une sorte de supériorité inquiétante.
Le grand chauve ne sut trop que dire. Il avait devant lui un enfant brisé. Qui s’éloignait de ce qu’il était ou croyait être en tous points. Il ne pouvait empêcher l’enfant de goûter au suc d’une vengeance cent fois méritée, mais il ne pouvait non plus le laisser s’engager sur une pente qui pourrait le happer à tout jamais. En réalité, il n’était plus bien sûr de suivre ses souvenirs. Tout s’embrouillait, rien n’était plus à sa place. Il semblait suivre une histoire déjà écrite dont il modifiait le court.

Les deux 72 passèrent la nuit à se regarder dans le blanc des yeux. Sans ciller. Aucun d’eux ne réagit lorsque le plateau repas traversa la porte par la petite trappe qui la divisait en deux. Le repas, intact et froid, fut retiré une demi-heure plus tard. Aucun mot ne parvint du livreur invisible.
Longtemps après, le Soleil se leva. La cellule vit son éclairage augmenter progressivement pendant quelques heures. A 6h la lumière crue des néons, qui s’en était allée aux alentours de 20h la veille, refit son apparition. Le petit garçon fixait toujours le grand chauve, son corps légèrement ankylosé de n’avoir bougé d’un pouce.
Un bol apparut à son tour, contenant une étrange purée grisâtre au fumet immonde. Le garçon ne fit aucun geste pour s’attacher à son sort. Il fut retiré un quart d’heure plus tard toujours dans le silence le plus total.

Vers 7h un homme en blouse blanche fit son entrée. Sans un mot, il empoigna le garçon par l’épaule, le forçant à se lever et à le suivre. Ce dernier détourna enfin son regard du grand chauve. Il fut emmené hors de la cellule sans douceur. Il souriait.

C'est un investissement
à moins 200%,
les gens.

Sans but précis. Selene tournait dans la communauté, son arme plaquée contre elle dans l’étui accroché à sa cuisse, la main prête à réagir, toujours. Evitant ces « Branleurs » qu’elle avait appris à détester. Evitant les bâtiments qu’elle savait toujours plein de monde, plein de gens aux sourires béats, aux paroles faciles. Ces gens qui devaient faire semblant de s’aimer pour se sentir exister, pour se croire en paix.

C’est poisseux, c’est collant
c’est un agglutinement,
les gens.

Terrible errance. Evitant ces rues qu’elle savait envahies de junkies, de gens délaissés dans leur chute volontaire – ou non –, ces gens tombés dans leurs propres ténèbres, dans leurs propres vices, ravalés par leurs péchés, ces gens en train de dormir dans leurs excréments, tapissés de vomi de la bouche jusqu’au torse. Ces rejets de l’humanité, finalement, dans une ville qui abritait déjà nombre des pires viciés du Désert.

C’est des renvois, des r’lents
des glaviots purulents,
les gens.

D’autres, autour d’eux, pas encore en overdose, qui braillaient des chansons paillardes oubliées. Qui tournaient sur eux-mêmes dans un but imprécis, peut-être celui de se faire régurgiter plus vite, allez savoir. Tout pouvait passer dans la tête de ces gens heureux de perdre la réalité et que la réalité les perde, qu’ils la fuient et qu’elle les oublie. Ils virevoltaient dans des valses intoxiquées, voguant vers le Nouveau Monde qu’ils se créaient, ce monde qui n’existerait jamais.

C’est qu’des cafards puants
qui dansent l’effondrement,
les gens.

Puis il y avait ces autres, encore, qui avaient eux aussi peur de leur réalité, mais peur en même temps de la fuir totalement. Ces gens qui s’évadaient dans l’alcool et les drogues douces, juste pour essayer, la première fois, puis juste pour planer, ensuite. Pour voler grâce aux ailes qu’ils n’avaient pas, mais qu’ils se sentaient pousser soudainement, qui ne pouvaient que les aider, pensaient-ils, ces gens.

Ça boit du tord-boyaux
ça gobe des excitants,
les gens.

Alors tous ces gens se mettaient à se battre, à trop partir, à n’être plus eux-mêmes. Que des pâles copies, des imitations sans mérite, des déjections qui ne valaient plus rien. Alors elle évitait aussi les coins reculés qu’elle savait les lieux de pugilats favoris des gens drogués, alcoolisés, perdus.

Même sous tranquillisants
ça a les nerfs à cran,
les gens.

Ces gens transformés en oiseaux imaginaires, ces gens qui désormais se croyaient invincibles, et plus que tout détenteurs de la vérité divine, celle qui devait fédérer le monde. Ces oiseaux qui se permettaient alors à leur manquer de respect, et qu’elle se serait fait un plaisir de faire chuter d’un plomb dans l’aile.

Ça a toujours raison
pourtant ça s'trompe tout l'temps,
les gens.

Elle marchait de ce pas calme et glacial, l’éternel masque trônant sur son visage. Ce masque au regard acier, sur la pâleur de la peau de sérac. Une apparence apaisée pour un chaos intérieur comme il ne s’en faisait plus, un regard acéré pour mieux identifier les maux qu’elle haïssait, les gens qu’elle maudissait.

Plus c'est calme et serein
plus c'est plein d'mors aux dents,
les gens.

Rappelez-vous, ces gens qui faisaient semblant de s’aimer, et puis qui se dévoilaient un jour. Peut-être révélaient-ils enfin leur vraie nature, peut-être s’étaient-ils trop perdus et alors ils s’autorisaient aussi à perdre ceux qu’ils avaient aimés, ou feint d’aimer, elle-même pourrait finir par s’y perdre, si elle s’intéressait à ces questions. A ces aberrations. Ces gens qui se faisaient chuter entre eux. Toujours là pour se faire mal.

Ça embobine, ça ment
c'est du poison violent,
les gens.

Rappelez-vous, ces gens, ces junkies, ces rejets. Ceux qu’on finissait par laisser de côté, par ne plus vouloir aider. Ceux qui en arrivaient, parfois, à dégoûter les autres, à dégoûter même l’humanité de les avoir créés. Ils étaient gueux insignifiants ou rockeurs adulés, ces gens. Elle se souvenait de Hurra, de la vision de son corps décharné et négligé, qu’il était allé jusqu’à laisser moisir dans les bas-fonds de Ramdam, dans les pourritures, et dans ses pourritures.

Clochards ou présidents
ça sent les excréments,
les gens.

La Cité des Arts, la Cité du Rock. Elle n’existait plus, cette ville de désordre et de musique qu’ils avaient voulue. Elle n’était plus qu’une communauté morbide. Ils avaient tous profité, puis en avaient tous profité pour… devenir plus tranquilles, pour gagner la vie sereine dont ils rêvaient sans doute depuis leur sortie du bunker. Ils s’imaginaient avoir choisi, ces gens.

Plus ça prétend êt' libre
et plus ça marche en rangs,
les gens.

Ils s’imaginaient avoir gagné un avenir et un bonheur bien mérité, ces gens. Ils se souriaient et pensaient que leur politesse était l’une des clefs pour leur paradis. Ils restaient courtois et pensaient que leur existence propre et rangée était la clef pour le Paradis. Ils étaient selon eux les dignes du bien-être et croyaient mériter tout ça.
Un exemple ? … Keira.

Quand ça trouve le bonheur
ça l'trouve en héritant,
les gens.

La Cabocharde arrogante, capturée puis violée, humiliée, descendue plus bas que terre. Emprisonnée. Méprisée. Qui, par on ne savait quel tour de main, s’était vite retrouvée dans la situation inverse. Celle où elle était devenue la fiancée d’un des hauts dirigeants, celle où elle pouvait alors tout se permettre, celle où elle avait retrouvé sa dignité. Pas aux yeux de tous, songea Selene. Keira, l’ancienne esclave qu’on avait laissée diriger. Ils manquent parfois de logique, les gens.

Et puis l'bonheur qu'ça trouve
ça les rend arrogants,
les gens.

Keira, qui se posait souvent en martyr. Celle qu’on n’aimait pas, celle que l’on dénigrait. Qui alors se plaignait à lui, cet homme qui l’avait enlevée puis aimée. Et voilà que tout était fini.
Selene n’en savait encore rien. Keira était partie dans le désert, seule. Ne supportant plus de n’être pas appréciée à la valeur qu’elle jugeait être la sienne. Se laissant traîner par son chameau. S’embuant dans ses larmes, sanglotant, et sanglotant encore.

L'jour où l'bonheur fout l'camp
ça s'écroule en pleurant,
les gens.

Un corps au sol. Certainement l’un de ces junkies dont seule Ramdam avait le secret. Alors qu’elle se rapprochait lentement de la masse, l’Ecorcheuse se rendit compte que ça n’était pas l’un de ces drogués habituels. 72 gisait à terre.
Plus loin dans le désert, Keira rampait lamentablement dans le sable, pour se consoler dans l’ombre bienfaitrice de son chameau. Son évasion à elle, ce serait le sommeil.

De la vie à la mort
ça s'traine plus qu'en rampant,
les gens.

Selene avisa l’homme au sol. Il n’était pas mort. Il n’était pas ivre. Il n’était pas défoncé. Qu’est-ce qu’il faisait là ?
Endormie, miséreuse. Keira mourrait peut-être de soif. Peut-être de faim. Peut-être pas. Si Selene avait su sa fuite, elle n’aurait rien fait. Ne serait pas allée l’aider. Elle aurait éventuellement prévenu Greg, puis se serait désintéressée de cette situation pitoyable. Elles ne s’étaient jamais appréciées. Et n’avaient pas fait semblant, comme tous ces gens.
72 paraissait en proie à des hallucinations, à en juger par les légers spasmes qui parcouraient son corps. Un regard critique. Réajustant le poignard contre son mollet, l’Ecorcheuse ne dit rien, puis s’éloigna.

Au fond, mieux vaut qu'ça crève
les deux pieds dans l'néant,
les gens.

Matin.
L'animal en a assez d'attendre que son acolyte humain ne bouge toujours pas. Excédé, il renifle le corps allongé à ses pieds puis le pousse du bout de son museau sans grande délicatesse. Ils n'allaient tout de même pas rester là à rôtir au soleil. Une main le repousse et puis retombe sur le sol comme si cela n'avait pas de réelle importance de rester là.
Rejeté, il releva la tête et regarda de ses yeux aux longs cils l'horizon. Que faire? Lui, il n'avait pas l'intention de rester là à mourir de soif et de faim! Et dire qu'il avait une stalle bien confortable à la maison, avec de la paille, du foin et toute l'eau qu'il voulait... Bon c'est décidé, il rentre chez lui.
Traînant l'humaine derrière lui, il revient sur ses pas... suivant le chemin de la veille mais dans le sens contraire.
Bientôt il ne put qu'entendre des cris de protestations... C'est que c'est bruyant ces bêtes là...

Râpant à nouveau le sable, Keira n'eut d'autre choix que de se tirer de sa léthargie. Maudit chameau! Mais où allait-il encore?!

- Mais arrête!! Arrête!! C'est bon, je me lève... T'as gagné... Laisse moi au moins me lever...

Avait-il compris ce qu'elle venait de lui dire? En tout cas, il s'était arrêté de lui même, lui permettant ainsi de se mettre sur ses pieds. Chancelante, elle s'appuya contre lui, s'accrochant au tapis de selle, puis regarda autour d'elle.... Le désert à perte de vue...Elle fronça ses sourcils lorsqu'elle remarqua qu'il suivait leurs traces de la veille... Il était entrain de revenir vers Ramdam... Foutu animal! Mais elle ne voulait pas rentrer, elle! En tout cas, pas maintenant...
Comme s'ils s'étaient donnés le mot, la voix de Greg s'échappa à cet instant de sa radio... Greg... Elle eut à nouveau envie de pleurer mais les larmes ne venaient plus... La voix étranglée et les jambes tremblantes, elle l'écouta sans l'interrompre... Elle eut envie qu'il soit là pour la serrer dans ses bras... Si celui qui t'a fait le plus de mal est le seul à pouvoir te réconforter...

Décidément cette humaine ne savait pas ce qu'elle voulait! D'abord fallait aller dans un sens puis dans un autre.... et dire qu'ils se disent qu'ils sont la race de la planète la plus intelligente!! Pfff... A mourir de rire... Mais bon soit! Elle voulait rentrer et lui aussi... Il n'avait qu'une seule envie, retrouver son box douillet.

Rebroussant chemin, elle put retrouver sa botte et profita de cette halte pour changer ses vêtements en loques contre d'autres et se laver un peu le visage pour effacer les traces de ses larmes. Évidemment, elle grimaça lorsque le bout de tissu toucha l'énorme hématome qui trônais sur sa joue droite.

Un peu plus loin, elle retrouva Cendre-Lune, maintenant esseulée. Sans même descendre de sa monture, elle s'adressa à elle, d'une voix légèrement incertaine.

- On rentre?

Pas la peine de lui donner d'explications, elles se connaissaient assez bien pour savoir ce qui s'était passé pour l'une et l'autre. Comme d'habitude, elle eut l'impression de lire dans les yeux de la jeune guerrière un mélange de compréhension et de désapprobation...L'aborigène n'avait jamais compris ce qu'elle pouvait trouver au bassiste du Record...