Il était une fois la rencontre d’une jolie sorcière, qui possédait un talent inné pour la couture, et d’une statue, d’apparence si sombre et si laide qu’elle faisait fuir tous ceux qui avaient le malheur de tomber sur elle. Pourtant, la jolie sorcière ne détourna pas son chemin lorsqu’elle croisa la statue. Sans peur elle s’approcha, malgré la présence menaçante qui émanait d’elle. Prise d’un élan de curiosité la sorcière scrutait la statue intimidante et malgré la couche de marbre et pierre solidement travaillée, elle réussit à découvrir un cœur.
Un cœur de tissu en lambeaux et d’un rouge terne. Surement apitoyée, par cette monstrueuse statue dépourvue de cœur, la sorcière à la chevelure blonde avait décidé d’user de tous ses talents de couturière appliquée et, de ses doigts de fée et de ses fils les plus brillants, elle avait patiemment repris le haillon palpitant. Malgré les coups tranchants de la pierre taillée, assénés par la statue et malgré la froideur de sa matière, la sorcière-couturière avait travaillé avec acharnement. Elle semblait ramasser tout ce qu’elle pouvait trouver dans le désert lumineux, pour le travailler, l’étirer et le solidifier sur son métier à tisser. Les matières étaient enroulées et tressées à ses cheveux d’or pour devenir entre ses doigts experts, de solide fils brillants.
La statue impassible observait le manège… les coups tranchants et les touchers glacés progressivement disparaissent, laissant place à une étincelle de curiosité dans le regard éteint de la pierre.
La sorcière-coutière, pendant ce temps s’affairait toujours, lune après lune… Elle semblait littéralement tarir le désert de ces plus beaux endroits, l’assécher des ses plus belles richesses, pour confectionner encore et toujours ces fils magiques, qui pourraient recoudre le cœur déchiré.
A force de coups d’aiguille, de points soignés à peine visible, le haillon reprenait forme progressivement. La broderie délicate égayait et redonnait vie au chiffon terne et déchiré.
Les pans de tissu étaient recollés au fur et à mesure, solidement maintenus par les fils magiques qu’elle avait confectionnés.
Jusqu’au jour où, la sorcière-couturière avait enfin achevé son œuvre.
Du tissu le plus élimé elle avait fait des merveilles. Sa dextérité et son savoir faire avaient retissé un nouveau cœur aussi brillant que la lumière aveuglante du désert, aussi chaud que son vent le plus ardent, aussi dense que ses dunes de sables et pourtant aussi vaste que l’immensité de son étendue.
Elle avait rendue son cœur recousu à la statue, émue de ce présent. Déposé dans la cavité rocheuse, le cœur recousu avait repris sa place. Lune après lune, un fourmillement partant du cœur chatouillait la pierre, lui rendant progressivement ses sensations oubliées. L’apparence générale de la roche sculptée paraissait déjà moins obscure. Car en secret, l’œuvre de la sorcière-couturière rendait la vie à la sombre statue. Un inextricable entrelacement de fils brillant s’était déployé dans la cavité, creusée dans la pierre. Ainsi, en dessous de ses traits fixes et ténébreux, et de ses vêtements figés, la magie du cœur recousu s’accomplissait. Le charme opérait à travers le réseau fils étendus, redonnant progressivement à la roche morte et obscur un nouvel éclat.
Un éclat d’or étincelant… puisé dans le désert, et quelques mèches de cheveux dorés.
Mer 11 Mar - 18:17