Les Marcheurs Irradiants sont dans la place

En haut du chemin de ronde, quelques silhouettes passent et repassent inlassablement, laissant parfois vagabonder un regard las sur les alentours. Une seule semble scruter le désert un peu plus précisément.
Selene soupire. L’ennui. Après l’adrénaline du combat, le retour à la vie quotidienne, presque plus insipide qu’avant. Les journées interminables à la vigie, avec la renaissance du soleil et de la chaleur. Rien. Il n’y a jamais rien, encore moins d’arrivées qu’avant. Rien.

Rien, à part quatre silhouettes. Des silhouettes ? La jeune femme se redresse violemment, presque désaccoutumée à ce genre d’événements. Désormais, elle n’ouvre plus la porte que pour les exploitants qui reviennent de la forêt.
Mais cette fois, ce sont bien des inconnus qui s’approchent. Alors que le groupe s’arrête, son regard acier croise celui du premier homme, seule partie visible de son visage, dissimulé par un masque à gaz. Sans doute l’Atomiste qui s’était présenté sur leurs ondes.

Mais par réflexe, elle brandit le canon de son arme vers eux. Ils ne sont pas menaçants, ils paraissent juste vouloir entrer. Malgré tout, la voix glaciale fait son office.

- Annoncez-vous !

Emma fermait la marche, visiblement peu réjouie à l'idée de retourner dans un cloaque immonde, comme ceux qu'elle avait visités avant. D'autant plus que celui-ci, les échos qu'elle en avait eu n'étaient guère reluisants: un trou sordide, rempli de drogués, d'ivrognes, et de psychopathes. C'est donc avec surprise qu'elle découvre la sentinelle; une femme ni ivre ni défoncée, et la prise assurée sur son fusil.

Elle quitte l'arrière garde, pour venir s'installer aux côtés de l'atomiste. Du regard, elle toise la gardienne des portes.

"Groupe des Marcheurs Irradiants; Mike India pour indicatif radio, c'est plus court. Je ne crois pas que votre fusil vous soit d'une utilité quelconque aujourd'hui."

Elle laisse ses yeux se promener le long de la muraille post apocalyptique, enchevêtrement de matériaux de récupération divers, puis plus généralement, aux environs désertiques, avant de reprendre.

"Ni les autres jours d'ailleurs."

Nouveau soupir. La jeune femme a malheureusement raison.
Selene baisse son arme, hochant la tête en signe d’affirmation. C’est bien le groupe annoncé. Qui d’autre, de toute façon ? Elle descend lentement l’échelle de la vigie. Dans un bruit sourd, les portes s’ouvrent lourdement sur Ramdam. D’un côté, le désert quasi vide de toute vie. De l’autre, la ville grouillant des rockeurs et autre toxicos, un bordel innommable. L’espace d’un instant, l’immensité désertique se fait terriblement attirante.

A contrecœur, l’Ecorcheuse arrête son mouvement en même temps que celui de la porte. Elle ne franchit pas la ligne invisible.

- Soyez les bienvenus.

Formule d’usage, qu’elle n’a cependant jamais utilisée. C’est certain, l’ennui se fait rude.
Elle attend que les quatre nouveaux arrivants franchissent l’entrée. Regardant les deux premiers, les seuls à s’être exprimés :

- Vous voulez sans doute que Volodia vous familiarise avec les lieux ?

Barbie s'ennuyait un peu ces derniers temps, ne participant à la vie de la cité que par l'entraînement réglementaire imposé aux guerriers du Records comme aux Ecorcheurs et, bien sûr, par ses multiples tentatives de dépuceler tous ceux et celles qui lui tombaient sous la main.

Elle remarque que Selene, qui monte toujours la garde sur les remparts à côté de la porte, parle à des gens. Peut-être des nouveaux copains ? L'ancienne membre du Records parle d'une voix glaciale. Mais Barbie l'a toujours vue faire ça, alors ça ne veut pas dire grand chose.

La poupée grimpe sur les remparts et rejoints Selene. Sans un mot pour la sentinelle, elle regarde les nouveaux venus. Un peu bizarres. Mais bon, ils n'ont pas l'air très méchants.

"Houhou ! Salut ! Bienvenue à Ramdam hein ! Vous avez pas l'air méchants. Z'êtes pas des vilains Playmobils au moins, non ?"

Malgré l'air extrêmement niais de la blonde pulpeuse et sa voix mielleuse, on peut aisément comprendre que la fusil qu'elle porte en bandoulière n'est pas là pour faire joli mais bien pour servir contre les Playmobils en question.

Si l'excitation de Vahan commence à poindre, en revanche, du coté de la militaire, aucune goutte d'enthousiasme ne transparait. Ramdam n'a l'air, vu d'ici, que du gourbi ignoble qu'elle avait imaginé. Et à voir les tronches qui tiraient la gardienne et la blonde, il était sans doute plus divertissant de vivre dans un cimetière qu'ici.

"J'espère qu'on ne restera pas ici assez longtemps pour avoir le temps de se familiariser avec les lieux, comme vous dites."

La sentinelle de la porte est froide; la doctoresse, elle, est glaciale. Elle ne comprend pas un traitre mot à l'allusion aux playmobiles, et ne croit même pas utile de relever. Quand Vahan s'enquiert de la présence de Volodia, elle poursuit:

"Qu'il se contente de venir nous indiquer notre cantonnement et les consignes à suivre. Le R3000 m'est précieux, et je n'ai aucune confiance en ces... Gens."

Evidemment, Volodia traîne dans le coin... Prévenu par radio de l'arrivée imminente du Groupe Sud, il guette depuis l'aube l'entrée de la communauté.
Enfin, ça commence à s'agiter, à palabrer, et les portes marquées de l'antique sigle nucléaire s'entrouvrent dans le lugubre grincement approprié pour laisser passer les nouveaux arrivants.
Alors, il sort de l'ombre dans laquelle il était tapi, écarte les rares badauds, et enfin il fait face à la Merveille Technologique. Fasciné, il avance une main blafarde, effleurant la carcasse métallique piquetée de rouille.

- Par Cobalt... elle est encore plus... avancée ! que je l'aurais imaginée...

R3000 se contente de tilter un peu, il est en phase "reconnaissance du terrain" et compte. Volodia sourit, il est content. Il reste comme ça quelques secondes, avant de se tourner vers l'arménien masqué, qu'il prend par les épaules sans plus de cérémonie.

- Mais... mais pardonne-moi frère Vahan, laisse-moi t'accueillir comme il se doit au Paléosanctuaire. Irradiant est le jour de notre rencontre ! Venez, toi et tes compagnons, je vais vous mener à la Chapelle Irradiante... Oh ce n'est pas grand chose par rapport à l'originale, mais vous pourrez y dormir et vous rassasier... Mais avant il faut que vous rencontriez les Frères O, qui feront partie du Voyage de retour. Bon sang, quelle Merveille que cette unité robotique, il faudra absolument que nous entreprenions son étude scientifique sans plus attendre quand nous serons parvenus au Sanctuaire ! Herr Obenmarch nous attend avec impatience, et il nous assure que... Hum. Mais vous devez être fatigués et... nous aurons bien le temps de reparler de tout ça.

Louis restait silencieux. c'était la première fois qu'il lui était donné de voire une ville. une odeur d'eau croupie enveloppai l'air. Il ne fit pas attention au gents venus leur ouvrir la porte. son regard se portait sur les gouttières.

Mais qui à fait ça bordel?

ça fuyait à plusieurs endroit, et quelqu'un pissait contre une descente de tuyauterie percée. la pisse vas surement allé dans un réservoir d'eau se dit il.
Il sentait qu'il allai devenir malade.

c-c-c-c'est symp-sympa cocomme endroit. très coquet.

il transpirait à grosse gouttes. réhydratant le sang sur sa chemise.
quand volodia arriva et parla de chapelle irradiante, cela le détendit un peu.

ha, vous aves vous aussi de la technologie ici? c'est vraiment pas mal ici.

Volodia était sorti de nulle part, coupant court à toutes les interrogations d'Emma sur la suite des évènements; et comme prévu, il semblait fasciné par la vieille machine. Emerveillé, il touche le R3000, le caresse, et inévitablement, parle de l'emmener au sanctuaire pour l'étudier. C'est le moment que choisit la militaire pour faire valoir ses droits sur l'engin, et enfin passer à un sujet de conversation plus terre à terre que l'étude...

"Monsieur Volodia. Je suis le docteur Klaüs, c'est moi qui ait arraché le R3000 aux mains... Hmm... Ma foi peu scientifiques... Des habitants de Polaris. De même que c'est moi qui l'ait transporté dans la mangrove, à travers les marais, et l'ait empêché de s'embourber.

Croyez bien que l'étude de cet artefact m'intéresse au plus haut point... Mais j'aimerais croire que mes efforts seront pris en considération. Pour couper court: que me donnez vous, pour la machine?"

On peut être militaire, docteur, ou archevêque; mais en ce bas monde, c'est souvent l'emploi de mercenaire qui prend le dessus sur toute autre fonction. Et c'est l'orientation qu'avait choisie Emma depuis longtemps... Quand il s'agit de survie, chacun se débrouille selon ses capacités.

L'Atomiste interrompt quelques instants ses retrouvailles avec son frère en l'Atome pour répondre à la mercenaire.

- Miss Klaüs, c'est bien ça ? Doktor Klaüs ! C'est avec grand plaisir que je fais enfin votre connaissance... Je sais ce que vous avez fait pour nous, pour la grandeur de la Science Irradiante, et je vous en remercie. Sachez que nous vous sommes extrêmement reconnaissants pour la tâche que vous avez accomplie jusqu'à présent. Votre participation mérite évidemment d'être récompensée, alors n'ayez aucun souci à ce sujet... Non, aucun. Nous vous rachèterons le module robotique à un bon prix. A combien estimez-vous le prix de vos services ? Retrouvez-moi plus tard, et faîtes-moi part de votre proposition, Doktorin.

Il conclut sur un rictus, qui de loin pourrait passer pour un sourire.

"Je n'en attendais pas moins de votre part, monsieur Volodia... Nous nous occuperons des formalités dans un endroit plus adéquat."

Elle suit le cortège qui se dirige vers le "sanctuaire", ne prenant même pas garde à ce type, en bleu, affalé par terre comme une épave. Sans doute un simple clochard local, pensera-t-elle en passant à son niveau...