Rencontre

Aristophane avait été discret jusqu'à présent dans la cité de ramdam. Il ne semblait pas se préoccupé de la vie de la cité. Faisant parfois l'effort de produire quelques médicaments on le voyait parfois ramasser çà et là quelques plantes dont il connaissait les propriétés.
Un jour qu'il se promenait près des fortifications de la ville, un énorme joint de beuh entre les lèvres, les yeux éclatés par la défonce et se laissant emporté par les divagations de son esprit il fit une rencontre inattendue.
Une plante d'environ deux mètres de hauts d'une couleur verte mat, ornée de bogues aux piques plus que menaçante.
Intrigué, il commença à en faire le tour, à l'observer. Son attitude aurait pu semblé bizarre à quiconque serait passé par là, car on aurait dit qu'il la considérait comme une personne.
Le vieux fou se mit à lui parler :

"Quoi mais pourquoi ne t'ai je jamais vu ici ? Vu ta taille tu ne peut pas être naît de la veille ? Et pourtant tu es si belle. Grande, élancée... Puis je te poser une question ?"

....

"Merci d'être si indulgente avec un ignare de mon espèce ! Ce que je voudrais savoir c'est ton nom ! Car des que j'ai croisé ton regard j'ai su que tu étais là pour que je te vois !"

Le vieux était subjugué par la plante et à chaque question il marquait une pose approchant son oreille près de la bogue la plus grosse qui constituait la cime de la plante.

"HMMM, HMMM, HMMMM ! Enchanté belle Datura désormais je viendrais te rendre v isite et te flatter tous les jours !"

Quand il entendit les mots de l'étrange personnage qui s'était approchait, Aristophane sembla plutôt contrarié que le début de symbiose qu'il avait instauré avec la Datura fut interrompu. Il se retourna presque trop brusquement et dévisagea son interlocuteur de la tête au pied. Un homme parmi tant d'autres. Il n'avait même pas écouté l'intégralité de ce qu'on lui avait demandé et n'en avait pas grand chose à faire d'ailleurs.

"Tu ne vois pas que tu me déranges ? Passer ? Passer où ? C'est plutôt toi qui aurait du passer ton chemin ! Tu n'avais pas remarqué que je m'entretient. J'ai déjà beaucoup de travail de ce côté ci !

Il fixait l'homme maintenant avec un regard de vieux fou et attendait que ce dernier débarrasse le planché.

C'était une des premières fois qu'Aristophane était confronté à de telles chamailleries. Il avait complètement perdu tous ses moyens face à l'empoignade de l'autre. Il pensait encore à la petite Datura qui était entrain de se présenter à lui il n'y avait pas encore cinq minutes. Non de toute façon tout était perdu il faudrait tout reprendre à zéro car le charme avait été brisé. La plante s'était refermée sur elle même il le savait et il aurait beau lui faire tous les compliments du monde, cela n'aurait strictement servi à rien ! Il fallait se concentrer sur la situation présente. Cette fois ci il n'avait pu occulter les paroles du détraqué, enfin c'est de quoi il avait l'air en tout cas !

"Quoi mais en voilà des manières Monsieur ! La clef ? mais de quelle clef vous parlez ? Je ne sais même pas qui vous êtes alors comment seriez vous d'où moi je viens ? Non mais dites donc en voilà des manières !"

Aristophane avez le regard fixe, avec un soupçon de peur dans le fond des pupilles.

"Non mais allez y expliquez vous jeune homme... Qu'on en finisse une fois pour toute car là j'ai l'impression de perdre mon temps."

Le barbu a vraiment l'air sincère et Anderson hésite.
Dans une autre vie, cette histoire aurait fini dans le sang mais là, il se rend compte de la stupidité de sa réaction.

Lâchant le col d'Aristophane, Anderson observe la plante par dessus son épaule.
Il était vraiment en train de parler à une plante verte.

Ce nouveau monde est étrange.
Rien n'est structuré, rien n'est prévisible, il se sent perdu.

Mais il sent aussi l'appel du rock'n'roll.
Anderson tapote gentillement la joue d'Aristophane.

Reste cool, lui assène-t-il, une phrase plutôt incongrue dans la bouche d'un type guindé, sapé en costard 3 pièces.

Il dévoile un peigne et s'en passe un coup rapidement.
Le rock'n'roll l'appelle, tant pis pour ce putain de passage, il verra ça demain ... Ou peut-être après demain ...