Liberté

Une après-midi, elle avait réussi à convaincre Greg qu’elle ne pouvait pas rester enfermer dans leur cabane, qu’elle avait besoin de marcher, d’aller voir si Madhy s’en sortait sans elle sur le tas d’ordures.
Le bras calé contre son ventre, sous la couche de pulls qui lui tenait chaud, elle s’y était rendue. Ne supportant pas de rester inactive alors que le grand blessé se démenait comme d’habitude, elle se mit à ramasser ses trouvailles pour les trier dans les cartons qu’ils utilisaient. Bien entendu, elle grimaçait à chaque mouvement mais cela lui faisait du bien de se bouger un peu.
Lorsqu’il la vit, il se contenta de son habituel hochement de tête pour la saluer et elle lui répondit avec un sourire. Il était vrai qu’ils n’étaient guère bavards lors de leurs journées de travail.
Mais quelque chose lui fit froncer les sourcils, comme si elle venait de se rendre compte d’une anomalie. Pourtant tout était là… La décharge, Madhy et sa brusquerie habituelle, l’esclave…Mais oui, l’esclave !! Lui, il le surveillait de près, l’engueulait même alors qu’elle, il la laissait travailler dans son coin, ne faisant attention à elle que si elle avait un soucis ou s’il avait besoin d’aide pour dégager un truc lourd….Il ne la surveillait pas ! Mais comment elle avait pû ne pas le voir avant !
Aussitôt, elle tourna la tête vers les portes ouvertes de la comm. Quelques enjambées et elle était dehors…libre comme l’air… libre de fouler la plaine de ses pas…libre de sentir le vent frais dans ses cheveux sans sentir cette odeur d’hommes entassés… libre d’écouter les oiseaux sans qu’ils soient interrompus par quoique ce soit…Juste quelques mètres… et personne pour l’en empêcher…
Inconsciemment, elle s’était tournée vers le bâtiment qui était devenue son chez elle…un endroit où elle se sentait en sécurité…. Et puis la question naquit tout naturellement : est-ce qu’elle pourrait partir sans lui ? Ne plus jamais le revoir…. Ne plus jamais le sentir tout contre elle…
Comme paralysée, elle ne bougeait plus, incapable pendant un court instant de faire un choix. Puis doucement, elle soupira et laissa tomber à ses pieds le rouage qu’elle tenait à la main.
Comme si une mouche l’avait piqué, elle se mit à courir….courir en direction de sa maison…de leur maison !
Ouvrant la porte à la volée, elle s’arrêta, cherchant Greg du regard. Le trouvant, elle se planta devant lui, souriant comme une idiote.

- J’suis pas partie…J’peux pas partir…Enfin si, je pouvais….mais je le voulais pas…

Nombre de messages : 574 Date d'inscription : 14/05/2008

Greg était penché sur la paperasse, la chose qu'il détestait le plus. Le fracas de la porte le fit se tendre comme une arbaléte, sa main se raidit vers le tiroir où était posé son pistolet. A la vue de Keira il se détendit de suite. C'était une des choses qu'il adorait en elle cette spontanéité, ce coté imprévisible, cette entrée fracassante ne put que caresser sa fossette qui esquissa un sourire

- J’suis pas partie…J’peux pas partir…Enfin si, je pouvais….mais je le voulais pas…

Il la regarda intensément, sans mot dire, sans un bruit comme figé dans le temps. Il savait pertinemment bien que Madhy ferait un piêtre gardien s'il ne lui ouvrait pas tout bonnement les portes de la com. Elle n'était plus prisonnière depuis un certain temps déjà. Les yeux brillants il dit doucement :

-Non tu n'es pas partie...

Il se leva lentement pour s'adosser au bureau, prit sa basse, ses doigts effleurant les cordes dans un solo muet. La tête penchée de coté, il semble triste

-Tu n'es plus prisonnière depuis un certain temps déjà, j'attendais de voir quand tu t'en rendrais compte et surtout ce que tu allais décider

Greg continue sa sourde mélopée, semblant hypnotisé par ses doigts et le ballet qu'ils donnent sur les cordes

-Tu étais ma prisonnière, je t'ai sortie de prison pour une cage dorée et maintenant que tu te rends compte que les portes en sont grandes ouvertes, tu veux rester.
Maintenant le prisonnier c'est moi et toi tu es celle qui a les clés de mon coeur......

Il garde la tête penchée sur sa basse, mais sa voix est quelque peu étranglée sur la derniére phrase comme si cela lui était très difficile de faire cet aveu.

Il l’aime ! Il venait de le lui dire. Cela aurait dû être un moment de véritable bonheur… et pourtant, elle ne l’avait jamais vu aussi triste qu’en ce moment. Elle eut l’impression d’étouffer tant son cœur et son ventre se comprimaient.
Lentement, elle s’avança vers lui et tendit ses doigts pour délicatement lui caresser la joue, comme s’il était fait de porcelaine, cherchant ses mots. Elle ne savait pas dire ces choses là. Jamais elle n’en avait eu l’occasion, même pas avec Nick…En même temps, ce qu’elle ressentait pour lui n’avait rien à voir avec cet attachement d’adolescente.
Elle laissa ses doigts glisser sous son menton et le lui releva doucement pour pouvoir plonger son regard dans le sien.

- Si je veux rester, c’est pour toi... Pas pour la Comm… ni pour Avril ou quelqu’un d’autre… Juste pour toi…

Elle déglutit douloureusement.

- Mais je te veux pas prisonnier… Je te veux libre, fort….. et heureux… comme un compagnon… mon compagnon ! Alors si pour cela, il faut que je parte………………….je le ferai.

Au bord des larmes, elle se détourna et se dirigea vers ses affaires. Elle les fouilla presque frénétiquement jusqu’à trouver un paquet enrobé de plastique qu’elle se mit à défaire, déchirant presque la précieuse enveloppe. A l’intérieur : une liasse de feuilles où courraient des notes et l’écriture fine de Keira. Une nouvelle fois, elle fouilla un peu avant d’en tirer deux feuillets avant de revenir vers lui et de les lui tendre d’une main tremblante.

- Joues la pour moi s’il te plait… C’est la chanson que je voulais te jouer. C’est pour elle que j’ai affronté Hurra…. Après tu me diras si tu veux que je m’en aille ou pas….

Allait-il comprendre ce qu’elle tentait maladroitement de lui dire ? Allait-il comprendre qu’elle l’aimait ?Que si elle partait sa si précieuse liberté n’aurait plus aucune saveur sans lui ? Et elle se mit à espérer comme une folle…
Sur la partition, une mélodie et des paroles….

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"Perfect Love"

I don't want to be reckless
I don't want to be rude
I don't want to regret the stupid
Things I say to you

I don't want to be angry
I don't want to be sad
I don't want to look back on every thing we could have had

Perfect love
Perfect man
Perfect hand to hold onto
Perfect love
Perfect man
Perfect hand to pull me through
Perfect love
Perfect man
Perfect hand to guide me to
Perfect you

I want to be lovely
I want to be cute
I want to make all of your sex
Kitten dreams come true

I would like to be helpful
I would like to be pure
I would like you to love me madly
As I'm walking out the door

Perfect love
Perfect man
Perfect hand to hold onto
Perfect love
Perfect man
Perfect hand to pull me through
Perfect love
Perfect man
Perfect hand to guide me to
Perfect you

Nombre de messages : 574 Date d'inscription : 14/05/2008

Il prit les feuillets, commença à les lire puis s'arréta net.Il leva la tête doucement, l'air moins triste.

-Va prendre un bain, j'ai besoin d'un peu de solitude, juste une petite demi heure. Là j'ai eu un peu trop d'émotions d'un coup, j'ai le coeur fragile et il risque de le faire péter.

Il lui esquissa un sourire, lui fit un bisous mais ne put s'empêcher de lui mettre une légère claque sur les fesses afin de l'intimer d'aller vite prendre son bain. Il attendit qu'elle s'exécute, se roula un joint puis s'installa pour relire les feuillets.

Un bon quarante cinq minutes plus tard elle revint dans la chambre plongée dans une douce lumiére provenant d'une bonne dizaine de bougies.
Greg était sur le lit, torse nu, la basse contre lui à gratter doucement. Il releva la tête à son approche et se mit à chanter :

"Perfect Love"

I don't want to be reckless
I don't want to be rude
I don't want to regret the stupid
Things I say to you

I don't want to be angry
I don't want to be sad
I don't want to look back on every thing we could have had

Perfect love
Perfect man
Perfect hand to hold onto
Perfect love
Perfect man
Perfect hand to pull me through
Perfect love
Perfect man
Perfect hand to guide me to
Perfect you

I want to be lovely
I want to be cute
I want to make all of your sex
Kitten dreams come true

I would like to be helpful
I would like to be pure
I would like you to love me madly
As I'm walking out the door

Perfect love
Perfect man
Perfect hand to hold onto
Perfect love
Perfect man
Perfect hand to pull me through
Perfect love
Perfect man
Perfect hand to guide me to
Perfect you

Elle avait pris son temps, se faisant belle rien que pour lui et surtout pour reprendre également ses esprits. Mine de rien, elle était aussi chamboulée que lui et cette nuit serait la première qu’ils passeraient sur un pied d’égalité, où tout ce qu’ils se donneraient serait indéniablement sincère. Il n’y aurait plus aucun doute sur une quelconque manipulation. Ils s’aimaient et c’était tout !
Devant la porte encore fermée, elle reprit son souffle et se maudit de se faire l’effet d’une gamine à son premier rendez-vous.
Lorsqu’elle pénétra enfin dans la pièce, elle en resta bouche bée tant elle le trouva magnifique auréolé de cette lumière chaleureuse. Il lui chantait sa chanson, celle qu’elle aurait dû lui joué.
Incapable de bouger, elle resta là, plantée devant la porte, dans sa robe blanche, murmurant avec lui les paroles qu’elle connaissait par cœur.
La mélodie arrivait à sa fin et elle put enfin bouger. Devant lui, elle lui enleva doucement l’instrument des mains qu’elle posa avec déférence contre le mur avant de s’installer sur ses genoux. Aussitôt son bras gauche vint se loger autour de son cou et ses lèvres se déposèrent avec délicatesse sur sa joue. Son front contre sa tempe, elle ferma les yeux et d’un coup, les mots furent là. Ceux qu’elle avait tant de mal à prononcer venaient simplement et le plus naturellement se déposer dans le creux de son oreille en un murmure.

Kanako avait raison depuis le départ : « Qui es-tu pour juger son karma ? Si tu dois l’aimer, tu l’aimeras ! » C’était ce qu’elle lui avait dit ce fameux jour sous la tente d’Avril. Maintenant il savait… et elle n’attendait pas de réponse en retour. Il le lui avait déjà dit… Il était son compagnon !