Eirikur, le berger des vers de terre.

Difformité.
Incompréhension aussi. D’où découle peur, rejet et haine.
Un petit peu de honte. Beaucoup de frustration et d’envie.
Une infinie solitude.

Quand, Rita, sa muse vient visiter le petit rockeur bleu au cours d’un de ses réguliers « bad trip », voilà ce qu’elle lui murmure à l’oreille. Voilà l’enfance de ce monstre.
L’humanité ravagée qui se rassure, elle tente de retrouver son unité. Elle cherche les limites de sa réalité.
Mais la réalité semble avoir changé plus vite que les mentalités…
Et le mutant supporte les coups et les quolibets, le rejet et finalement trompe la mort.

Une vie passée parmi les rebuts. A fuir l’autre, à se nourrir de rats, à boire l’eau souillée des dépôts chimiques. Une vie de cloporte parmi les vers de terres. Et si tout ceci n’était que mensonges… Si au pays des aveugles les borgnes sont rois, qu’en était-il de lui ?
Lui le Triclope ne devrait-il pas relever la tête. Ne devrait-il pas diriger cet univers binoculaire ? Et protéger ses frères élus et la Terre qui l’a vu naître ? La protéger de cette humanité moribonde qui n’apprend jamais rien.
Lui seul peut enfin la sortir de cette boucle infernale… Ou bien rien de tout cela n’a de sens.

Me vengaré y todo el mal que me hagas
Yo te lo devolveré
El hombre nunca fue dueno de Gaia
Es justamente al revés.

Todo el mal que me hagas a ti te lo haz
Pues La tierra es tu lugar
E al igual que amar, tambien se castigar
La venganza de Gaïa tendras…

Humain ou mutant, tous cherchent les réponses à l’éternelle question.
Voilà la pitoyable pensée qui lui a permis de survivre à sa faible jeunesse, à sa fragile adolescence, pour devenir un homme.
Il n’était pas un monstre, il était l’Avenir. Et tous s’en rendront compte.
Le pape des escargots, le berger des vers de terre. Il aura son moment, sa reconnaissance, et enfin Gaïa sera sauvée…

Qui pourrait le juger ?
Tous… Tous ils le jugeront car il en va ainsi depuis toujours. Il sera montré du doigt, et retournera parmi les annélides avec qui il a grandi… Alors il garde sa prophétie pour lui, il tait ses croyances et ses idées. Il attend son moment.
Il viendra.

Doucement Rita s’évanouit, avec elle disparaît ce sentiment de compréhension universel. Avec elle s’achève la paix et la douceur. La maudite réalité revient, elle est chaude et nauséabonde. Elle est acide et brulante. Elle s’écoule de sa gorge à grand flot, rendant son front moite et brulant.
Il tend le bras. Il cherche les pilules qui l’ont mise dans cet état, les mêmes qui l’en sortiront… qui lui permettront de la retrouver.
Ses yeux s’attardent sur la manche de son survêtement.
Une main est posée dessus. Le mutant le regarde, l’éternelle rage qui brûle dans ses yeux semble apaisée.

Dans un ultime effort pour tendre son bras, pour mettre un terme à sa pensée, le tout petit rockeur s’effondre. Finalement, le king sans royaume ne paraît pas moins fou que son ami difforme.

» J'suis pas trop sur mais je crois que je suis perdu vers che