Gabriel scruta le nouveau venu.
- Okay, boug'... Moi c'est Gabriel. Gabriel Krusemark. Et ta' pour le coup de main. Elle pèse pas bien lourd, mais tu pourras nous t'nir les portes.
Il lui sourit. Puis, prenant la tête de leur brancard de fortune, il ouvrit donc la marche vers l'infirmerie. Il ne leur fallut pas plus de quelques minutes avant d'arriver sur les lieux. Il désigna à ses compagnons l'un des lits de camps installés dans la pièce, au fond. Zack, réactif, déblaya le passage et alla chercher quelques couvertures.
- Même manoeuvre, dans l'autre sens. A trois.
Les trois hommes la soulevèrent une dernière fois avant de la déposer sur la couche. Voilà. Au moins Catherine était-elle installée au calme. Hans ne savait rien sur les circonstances qui avait provoqué son "attaque" et Zack ne l'éclairait pas plus.
La jeune femme était émaciée, résultat de sa traversée du désert. Elle manifestait, outre de nombreux signes de carences, des symptômes de déshydratation et d'insolation. Et cerise sur le bien maigre gâteau qu'était son état de santé: le choc psychologique des retrouvailles avec Camille, dans cet endroit improbable qu'était Ramdam.
Pour Gabriel cela ne faisait aucun doute. Ce joyeux mix avait amplement suffi à pousser Catherine dans ses derniers retranchements, autant physiques que psychologiques. Sa catatonie était l'expression muette de son négativisme et, qui plus est, lui offrait le 4 étoiles des refuges.
Excellent choix, madame Catherine, se dit-il... Restait à savoir si elle n'était pas trop affaiblie et si son corps n'allait pas la lâcher, au moment précis où son esprit s'y est abrité, le plus profondément possible. Il se pencha, ramenant une couverture sur elle et remettant un peu d'ordre à sa chevelure. La voix de Gabriel s'altéra étrangement quand il lui murmura, avant de se redresser:
- Repose toi, Cat'rine. Prends les forces qu'il t' faudra. Et garde en tête qu' à ton r'tour il faudra que tu t' confrontes toi, et un réel dev'nu fou. La décision t'appartient.
Une pause, puis Zack, Hans et Gabriel échangèrent un regard. On y lisait la même expression de commisération.